La menace terroriste : info ou intox ? Cette question vient immanquablement à l'esprit à la seule vue du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, nous faire une déclaration dramatique sous la tour Eiffel, exactement là où une fausse alerte à la bombe avait eue lieue quelques heures plutôt.
L'édito politique France Inter
Nous savons tous, intuitivement, que la peur joue un rôle dans la vie politique d'un pays. Et pas seulement lors d'événements exceptionnels comme les attentats du 11 septembre à New York. Mais, parce qu'il est humiliant d'avoir peur et de se l'avouer, nous en minimisons irrésistiblement l'influence, préférant nous réfugier derrière des explications plus "rationnelles" du comportement des gouvernants comme des citoyens.ROBIN Corey, La peur - Histoire d'une idée politique, Armand Colin, 2006 et Pluriel Hachette, 2008 [A contrario - AgoraVox - Nouvelles d'Orient - Sciences Economiques et Sociales - Extraits].
Le maître-livre de Corey Robin déchire ce voile d'ignorance. Dans une analyse à la fois brillante et provocante, très largement saluée lors de sa récente publication aux États-Unis, il montre en quoi la peur constitue un levier fondamental de pouvoir, même dans une démocratie libérale comme la nôtre. L'auteur conjugue ici une analyse historique de l'idée de peur (de Hobbes à Hanna Arendt en passant par Montesquieu et Tocqueville) avec une description concrète, menée sans complaisances, de la vie politique américaine actuelle. Il s'en dégage une démonstration particulièrement efficace qui déborde le cadre strictement américain pour s'appliquer à tout fonctionnement démocratique. Si cette thèse originale trouble certainement notre confort intellectuel, elle peut aussi nous dessiller politiquement les yeux pour des lendemains mieux libérés de la peur.
Lire aussi :
• ROBIN Corey, De la peur en temps de guerre, Vacarme n°18, 2002.
• ROBIN Corey, "L'administration Bush gouverne par la peur", Le Monde, 11/08/2004.
• ROBIN Corey, Wikipédia.
• Politique de la peur, Wikipédia.
• Peurs citadines, Histoire urbaine n°2, 2000.
• Les médias et la peur, Université de Neuchâtel, 2003.
• Peurs et menaces, Terrain n°43, 2004.
• Politiques de la peur, Lignes n°15, 2004.
• Dossier documentaire & Bibliographie Propagande, Monde en Question.
• Dossier documentaire & Bibliographie Risque & Gestion du risque, Monde en Question.
Sélection bibliographique :
• ARPAGIAN Nicolas, L'Etat, la peur et le citoyen - Du sentiment d'insécurité à la marchandisation des risques, Vuibert, 2010,
Si les leaders de la Gauche et la Droite françaises sont désormais presque unanimes pour affirmer que la sécurité est la première des libertés, ce sont maintenant les conditions dans lesquelles s'exerce cette sécurité qui font débat. Notamment du fait que d'ici 2014, les effectifs de la sécurité privée dans notre pays dépasseront ceux cumulés de la police et de la gendarmerie nationales. Quel rôle restera-t-il à l'Etat en la matière ? Quelles seront les conséquences pour le citoyen devenu client, consommateur de sécurité ? Quelles incidences cela aura-t-il sur notre modèle de société ? Au-delà des stricts enjeux de sûreté, c'est bien une analyse prospective sur l'avenir de notre collectivité nationale que propose cet ouvrage. Avec à la clé une indispensable réflexion sur ce qui constituera demain le cœur de notre pacte républicain.
• BONELLI Laurent, La France a peur - Une histoire sociale de «l'insécurité», La Découverte, 2010.
Zones de non-droit», «délinquants toujours plus jeunes et plus récidivistes», «flambée de la violence urbaine» : l'«insécurité» semble devenue l'un des principaux problèmes sociaux du début du XXIe siècle en France. Les responsables politiques, de droite comme de gauche, invoquent la «demande de sécurité» de leurs électeurs pour réclamer une action plus énergique de la police et de la justice et les gouvernements successifs ont rivalisé dans l'adoption de lois et de mesures nouvelles en la matière.
D'où vient une telle inflation du thème de la sécurité depuis le début des années 1980 ? Dans quelle mesure a-t-elle modifié la perception des milieux populaires et de leurs problèmes sociaux ? Cet ouvrage montre que l'émergence de l'«insécurité» est inséparablement liée aux formes de précarités qui se développent depuis la fin des Trente Glorieuses et au recul constant de l'État social. C'est à partir de l'ensemble de ses dimensions qu'il aborde cette question, des transformations des quartiers populaires à celles du jeu politique, du traitement médiatique de la «délinquance» aux savoirs et expertises en tout genre mobilisés pour l'interpréter, des politiques locales de sécurité jusqu'aux mutations profondes intervenues dans l'organisation et les missions de la police, de la justice et de l'école.
Avec la reformulation progressive de la question sociale en impératif d'«ordre dans la rue», c'est tout un pan des relations entre les citoyens et les institutions républicaines qui a changé de visage. Un livre somme qui permet de prendre la mesure d'un changement d'époque.
• CORNACHON Jean-Yves, Dictature de la peur, Éditions Bénévent, 2007.
Cet ouvrage expose, traite, analyse les peurs multiples de l'homme dans notre société. La peur monopolise notre existence dans tous les domaines, politique, économique, psychologique, sociologique. C'est une véritable maladie contemporaine. La peur évoque toute l'histoire de l'humanité.
• CRÉPON Marc, La culture de la peur, Galilée, 2008.
Les usages politiques de la peur, son invocation et son instrumentalisation qui furent le privilège des régimes de terreur, ne peuvent plus servir aujourd'hui de critère discriminant entre les démocraties et les régimes, dont, par principe, elles devraient être distinctes. Dans tous les domaines de l'existence, les citoyens sont affectés par la «culture» dont elle fait l'objet - une culture qui les conduit à tolérer des discours et des pratiques qu'ils n'auraient pas cru pouvoir ni devoir accepter auparavant. Ainsi se sédimente dans nos vies «l'inacceptable», au nom d'une exigence démultipliée de protection et de sécurité.
La question alors est de savoir quelle est, dans cette exigence, la part du besoin de «sécurité humaine», dont aucun discours politique ne devrait faire l'économie, et celle de «la sécurité de l'État». S'il est vrai que leur frontière indécise se joue, à chaque fois, dans le choix et le calcul des «cibles de l'insécurité», au double sens d'un génitif subjectif et objectif, l'avenir de la démocratie appelle une critique ininterrompue de ces choix et de ces calculs - à plus forte raison quand ils se portent sur la figure de l'étranger.
• DAKHLI Leila, MARIS Bernard, LOSSON Christiane, Gouverner par la peur, Fayard, 2007.
De toutes parts montent les discours de la peur, des peurs. Peur de l'insécurité, de la précarité, du chômage. De la violence, de la marginalisation, d'être délocalisé. Peur de l'ouvrier chinois, du plombier polonais, de son collègue de travail, du terroriste. Peur aussi de ce que l'on mange, de ce que l'on boit, de son corps. Peur du changement climatique. Peur intime et peur publique. Peur de tout. Cette montée de la parole collective sur l'angoisse pourrait être positive : connaître et énoncer ses peurs, c'est déjà les combattre. Il suffirait de changer de regard, de déchausser les lunettes de la morosité ambiante pour prendre une mesure apaisée des évolutions positives comme des risques encourus par nos sociétés contemporaines. Or c'est tout le contraire qui se passe : loin de se réduire, nos peurs grandissent chaque jour un peu plus. Pourquoi a-t-on tant de mal à les affronter, dans un contexte qui est loin de s'être autant détérioré qu'on voudrait nous le faire croire ? L'exploitation de l'angoisse rapporte, et parfois beaucoup, au sens propre. Mais qui a intérêt à gouverner par la peur ? Quelles formes de résistance et quelles alternatives peut-on y opposer ?
• DELUMEAU Jean, La peur en Occident - XIVe-XVIIIe siècles, Pluriel Hachette, 1999.
Non seulement les individus pris isolément, mais les collectivités et les civilisations elles-mêmes sont engagées dans un dialogue permanent avec la peur. Celle-ci prend toutefois des visages différents, depuis les terreurs médiévales jusqu'à l'obsession contemporaine de la sécurité. Jean Delumeau montre à la fois les continuités et les ruptures, ainsi que la diversité des formes prises par la peur en Occident. Des peurs collectives, comme celles engendrées par la peste, aux séditions populaires, des visages de Satan aux procès en sorcellerie, ce livre a profondément renouvelé l'histoire des mentalités et des comportements. Cet ouvrage inaugure ainsi la grande enquête consacrée par Jean Delumeau à l'histoire des représentations collectives, des inquiétudes et des espoirs de l'humanité occidentale, qui s'est poursuivie par l'exploration du péché et de la culpabilité, puis par celle de la rédemption et du paradis.
• LECOURT Dominique, L'âge de la peur - Éthique, science et société, Bayard, 2009.
OGM, nanotechnologies, épidémies, réchauffement climatique, clonage, trous noirs... les découvertes scientifiques sont de plus en plus sources d'inquiétudes. Pour contrer ce sentiment de peur, aussi diffus que paralysant, Dominique Lecourt nous délivre dans ces chroniques un savoir précis, utile et accessible. Et nous met en garde contre deux écueils : la détestation de la technique, qui permet tous les jours de nombreux progrès d'une part, la professionnalisation de l'éthique, qui voudrait en faire une somme de textes administratifs d'autre part, alors qu'elle est une interrogation philosophique sur la vie humaine, qui nous concerne tous.
• LEJEUNE Dominique, La peur du rouge - Des partageux aux gauchistes, Belin, 2003.
La peur sociale provoque les "effrois", les émeutes et les "folles commotions" des populations révoltées dès le Moyen Age. Elle est la peur de ceux qui sapent les colonnes de la société, comme les partageux du premier XIXe siècle, avides de redistribution des richesses et de substitution du socialisme au capitalisme. Aux environs de 1840, en effet, la Révolution industrielle prend son essor, un prolétariat en naît et, avec lui, se nouent les tensions sociales, liées à toute croissance économique brutale. La politique aime les couleurs, mais le bourgeois vomit le "rouge", fier de son travail. Après la phobie des attentats anarchistes de la fin du XIXe siècle, l'homme du XXe siècle a eu bien davantage de craintes politiques et sociales, d'abord multipliées par les affiches du "moujik hirsute" de 1919, qui concrétise la hantise des "rouges", version bolcheviks cette fois-ci. Il a connu - pas forcément éprouvé - la hantise de la Guerre froide, du "camp communiste", de l'Armée rouge, des "gauchistes" et des "étés chauds" Qui a réellement "profité" de cette peur ? Les "rouges" ont-ils été manipulés ? Et la "cible" n'a-t-elle pas totalement changé avec la drogue, les banlieues "à risque", le terrorisme ?
• LITS Marc (sous la direction de), La peur, la mort et les médias, Éditions Vie Ouvrière, 1993.
Quel est le rôle social de ces récits de mort et de violence, qui remplissent nos écrans et nos journaux, telle est la question que posent les différents articles de cet ouvrage, qui vont du questionnement théorique sur "la peur, les médias, le lecteur" ou sur les stratégies narratives de la peur au cinéma, à l'étude minutieuse d'une enquête du quotidien bruxellois La Dernière Heure, fondée sur la thématique de l'insécurité.
• MARZANO Michela, Visages de la peur, PUF, 2009.
Comment la peur surgit-elle face à l'inconnu ? Comment exprime-t-elle la crainte des autres - peur de l'étranger, de l'ennemi, du monstre, du différent - ainsi que la volonté d'écarter de soi l'irréductible altérité qui habite tous les êtres humains ? L'auteur montre ici que la peur est souvent instrumentalisée par les pouvoirs politiques, jusqu'à devenir un moyen de contrôle et de gouvernement. Ainsi est-elle utilisée pour bâtir des politiques sécuritaires qui "institutionnalisent" la méfiance de chacun à l'égard de tous. Mais, même si elle renvoie à la fragilité et à la contingence de la condition humaine, la peur n'est pas invincible : elle ne réduit pas nécessairement notre marge de manoeuvre. Une fois admise l'idée que tout ne peut pas être "contrôlé" et que l' "inattendu" est une composante de la vie, nous pouvons tenter de construire des relations de confiance qui, tout en ne nous mettant pas à l'abri de l'inconnu ou de l'imprévu, nous permettent aussi d'aller vers les autres, de même que de renouer avec notre propre altérité.
• MAURIN Eric, La peur du déclassement, Seuil, 2009.
Déclassement le mot est aujourd'hui sur toutes les lèvres et sous toutes les plumes Mais, au-delà de son caractère incontournable, il recouvre deux réalités bien distinctes. La plus évidente a trait aux ruptures qui conduisent des individus à voir leur position se dégrader La deuxième est encore plus décisive : c'est la peur du déclassement. Cette angoisse sourde, qui taraude un nombre croissant de Français, repose sur la conviction que personne n'est " à l'abri ", que tout un chacun risque à tout moment de perdre son emploi, son salaire, ses prérogatives, en un mot son statut. En rendant la menace plus tangible, les crises portent cette anxiété à son paroxysme. Source de concurrence généralisée et de frustrations, la peur du déclassement est en train de devenir l'énergie négative de notre société. A partir de ce constat, Eric Maurin fonde une sociologie des récessions et propose une lecture radicalement neuve de la société française, tout en aidant à repenser les conditions de sa réforme.
• REY Henri, La peur des banlieues, Presses de Sciences Po, 1999.
La grande peur des banlieues revient périodiquement occuper le devant de la scène médiatique. Peur des violences urbaines, de l'intégrisme religieux, des nouvelles "classes dangereuses", peur surtout devant l'inconnu.
Parallèlement, les habitants des banlieues sont censés vivre dans l'inconfort de la peur quotidienne ; leur sentiment d'insécurité devrait logiquement les conduire à soutenir par leur vote protestataire l'extrême droite lepéniste.
• TODOROV Tzvetan, La peur des barbares, Livre de Poche, 2009.
Dans une réflexion qui nous fait traverser des siècles d'histoire européenne, Tzvetan Todorov éclaire les notions de barbarie et de civilisation, de culture et d'identité collective, pour interpréter les conflits qui opposent aujourd'hui les pays occidentaux et le reste du monde. Une magistrale leçon d'histoire et de politique, et une véritable " boîte à outils " pour décrypter les enjeux de notre temps.
• VIEGNES Michel, La peur et ses miroirs, Imago, 2009.
La peur a mauvaise réputation. Faiblesse honteuse, elle est ressentie comme infantile et ridicule, et serait, lorsqu'elle est collective, à l'origine de toutes les exclusions sociales - racisme, xénophobie, obsession sécuritaire… Pourtant, elle constitue une part essentielle de l'expérience humaine. Lovecraft voyait même en elle «l'émotion la plus forte et la plus ancienne de l'humanité».
Dans le présent ouvrage, historiens, psychologues, et spécialistes de littérature, de cinéma et de musique, analysent, sous de multiples aspects, cette expérience - ses manifestations et ses représentations. Aspect psychologique : peurs normales et pathologiques, phobies… Aspect linguistique : de la peur à l'angoisse, ou à la terreur. Aspect historique : crainte de Dieu, peur de l'an mil, recours aux saints protecteurs. Aspect religieux : vision de l'hindouisme ou du bouddhisme. Aspect social : peur de l'autre, peur de la surpopulation, de la technique, de la catastrophe atomique ou écologique.
• VIRILIO Paul, L'administration de la peur, Textuel, 2010.
Chaos climatique, paniques boursières, crise économique, périls techno-scientifiques. menaces pandémiques, suicides " professionnels "... L'énumération des peurs contemporaines est sans fin. Effet de loupe médiatique? Construction paranoïaque? Fantasme? Pour Paul Virilio, il y a bien de quoi avoir peur. Car le monde est plein comme un oeuf, qu'on y accélère toujours plus les flux en y contractant l'espace et que la peur devient l'objet d'une véritable gestion politique, les Etats étant tentés de substituer un globalitarisme sécuritaire à la traditionnelle protection des individus contre les risques de la vie.
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