Cette biographie très elliptique - partielle et partiale - de Margaret Thatcher est un panégyrique (via des images et une bande son aux normes hollywoodiennes) destiné à la réhabiliter après des générations nées après les années1970 [1].
Phyllida Lloyd nous impose sa vision compassionnelle pour une vieille dame qui a perdu la tête après la mort de son mari alors que, détail significatif, il rapporte la dénonciation de Margaret Thatcher de la tendance à penser la politique sous l'angle des sentiments et non des idées :
Les gens ne "pensent" plus. Ils "sentent". [...] Vous savez, un des grands problèmes de notre époque est que nous sommes dirigés par des gens qui s'occupent davantage des sentiments que des pensées et des idées.Ainsi, ce film est non seulement un insulte à l'histoire pour les millions de victimes de la politique de Margaret Thatcher, mais aussi une insulte à sa propre pensée de la politique.
Autre détail (ignoré par les féministes) : un commentaire en voix off affirme que "jamais en Occident il n'y a eu de femme Premier ministre" oubliant que Golda Meir fut Premier ministre d'Israël de 1969 à 1974 et que Sirimavo Bandaranaike fut Premier ministre au Sri Lanka de 1960 à 1965 et de 1970 à 1972 [2].
Ceci dit, l'interprétation de Meryl Streep dans le rôle de Margaret Thatcher est aussi remarquable que celle de Bruno Ganz dans celui d'Hitler (La chute). Or, ce film fut contesté pour son approche trop humaine du dictateur du IIIe Reich - deux poids deux mesures...
Il est symptomatique que l'histoire des années 1980 soit totalement occultée. Il y a pourtant matière à penser du fait que le néo-libéralisme, qui sévit encore aujourd'hui, fut la doctrine de tous les gouvernements quelque soit leur couleur politique. Si cette politique était logique pour Ronald Reagan aux États-Unis et pour Margaret Thatcher en Grande-Bretagne, elle l'était moins pour Miguel de la Madrid au Mexique et encore moins pour François Mitterrand en France, Deng Xiaoping en Chine ou pour Mikhaïl Gorbatchev en Russie (URSS à l'époque) [3].
Tout cela a naturellement échappé à tous les critiques des médias dominants qui ne méritent pas d'être cités [4].
10/02/2012
Serge LEFORT
Citoyen du Monde
Lire aussi :
• Dossier documentaire Cinéma, Monde en Question.
• Veille informationnelle Cinéma, Monde en Question.
[1] AlloCiné - Téléchargement.
[2] Serge LEFORT, La voie royale de l'apolitisme, Monde en Question.
[3] Sélection bibliographique :
• Articles Tournant de la rigueur, Monde en Question.
• Dossier documentaire Tournant de la rigueur, Monde en Question.
[4] Note du 15/02/2012 : Sauf Critikat publié le 14/02/2012.
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