22 mars 2009

Guerre d'Israël contre le peuple Palestinien (19)



Dépêches des 19 et 20 mars 2009, Info-Palestine - Toutes les dépêches.

"Je lui ai tiré onze balles dans la tête", Courrier international selon The Independent.
Un ancien tireur d’élite de l’armée israélienne raconte sa participation à un attentat ciblé contre deux militants palestiniens, en l’an 2000. Une opération considérée comme un succès par l’état-major.
Pour la première fois, la politique d’assassinats ciblés de l’armée israélienne a été décrite de l’intérieur. Dans une interview accordée à The Independent on Sunday et dans un témoignage recueilli par l’organisation israélienne d’anciens soldats Breaking the Silence [Rompre le silence], un ancien membre d’un escadron de la mort a raconté le rôle qu’il avait joué dans une embuscade qui a coûté la vie à deux personnes en plus des deux militants visés.

L’opération – qui a eu lieu il y a un peu plus de huit ans, au tout début de la deuxième Intifada [septembre 2000] – a laissé des séquelles psychologiques chez cet ancien tireur d’élite. A ce jour, il n’a jamais parlé à ses parents de sa participation à cette affaire.

Au fil des combats, l’assassinat ciblé est devenu une arme régulièrement employée par l’armée israélienne, en particulier à Gaza, où les arrestations étaient moins faciles qu’en Cisjordanie. L’opération décrite par l’ancien soldat aurait pu passer pratiquement inaperçue si celui-ci n’en avait parlé à Breaking the Silence, qui a recueilli des centaines de témoignages d’anciens soldats touchés par ce qu’ils avaient vu et fait (y compris des sévices sur les Palestiniens) pendant leur service dans les Territoires occupés. Son récit, largement corroboré par le témoignage d’un autre soldat, remet en cause des éléments clés de la version officielle fournie par l’armée au moment des faits, tout en jetant un éclairage nouveau sur la tactique très controversée de l’assassinat ciblé employée par Tsahal.

Il nous est impossible de révéler l’identité de notre source, car cet ancien soldat pourrait être inculpé à l’étranger pour son implication directe dans un type d’assassinat que la plupart des pays occidentaux considèrent comme une grave violation du droit international. Issu d’une bonne famille, cet homme d’une trentaine d’années travaille aujourd’hui dans le civil dans la région de Tel-Aviv.

Cet ancien appelé raconte que son unité spéciale a été entraînée pour commettre un assassinat, mais qu’on leur a d’abord dit qu’ils allaient procéder à une arrestation. Ils ne devaient ouvrir le feu que si la cible avait des armes dans sa voiture. “Nous étions déçus de devoir effectuer une arrestation. Nous voulions tuer”, dit-il. Son unité a été emmenée au sud de Gaza, où elle a pris position. C’était le 22 novembre 2000. La principale cible était un militant palestinien du nom de Jamal Abdel Razeq. Il occupait le siège passager d’une Hyundai noire que son camarade Awni Dhuheir conduisait vers Khan Younès [une localité de la bande de Gaza], au nord. Les deux hommes ne se doutaient pas de l’embuscade qui les attendait près de l’embranchement de Morag. A un endroit, la principale route nord-sud de la bande de Gaza passe par une colonie juive. Razeq avait l’habitude d’y voir des troupes israéliennes, mais il ne pouvait pas savoir que l’équipage habituel avait été remplacé par des hommes d’une unité spéciale de l’aviation comprenant deux tireurs d’élite hautement entraînés.

Avant même qu’il ne sorte de chez lui ce matin-là, le Shin Beth [les services de renseignements israéliens] avait suivi ses moindres faits et gestes grâce aux informations qui lui étaient transmises en continu par les téléphones portables de deux Palestiniens collaborateurs [de l’armée israélienne], dont un des propres oncles de Razeq. L’homme qui devait le tuer dit qu’il était “stupéfié” par tous les détails transmis au commandant d’unité du Shin Beth. “La quantité de café qu’il avait dans son verre, l’heure à laquelle il sortait. Depuis vingt minutes, nous savions que nous allions procéder à une simple arrestation, car ils n’avaient pas d’armes avec eux.” Mais, subitement, les ordres ont changé. “Ils nous ont donné l’ordre de le tuer.” Il pense que les instructions venaient d’un commandement mis en place pour l’opération et que “tous les grands chefs y étaient”. Lorsque les deux militants sont arrivés au niveau de l’embranchement, ils ne se doutaient toujours de rien, même quand un gros camion de ravitaillement a débouché pour leur couper la route. Ils ne pouvaient pas savoir que le camion était blindé ni qu’il était rempli de soldats armés qui attendaient le moment de passer à l’action. Un 4 × 4 était garé sur le bas-côté, juste pour le cas où “quelque chose tournerait mal”.

“Nous avions foiré, et personne ne voulait l’admettre”

Et le fait est que quelque chose a mal tourné : le camion a démarré trop tôt et bloqué non seulement la Hyundai, mais aussi un taxi Mercedes qui roulait devant elle. Ce dernier transportait un boulanger de 29 ans, Sami Abou Laban, et un étudiant de 22 ans, Na’el Al-Leddawi, qui se rendaient à Khan Younès pour essayer de trouver un peu de combustible pour leur four à pain.

Le tireur d’élite raconte qu’à l’approche du moment critique ses jambes ont commencé à trembler. “Pendant que j’attends la voiture, je perds le contrôle de mes jambes. […] J’ai un M16 équipé d’une lunette de visée. C’était l’une des choses les plus étranges qui me soient jamais arrivées. […] Je me sentais parfaitement concentré. Nous avons aperçu les voitures qui venaient vers nous et nous nous sommes rendu compte qu’il y en avait deux, et non pas une. La première voiture était très proche de la seconde et, comme le camion a surgi un peu trop tôt, les deux ont été bloquées. […] Tout s’est arrêté. Ils nous ont laissé deux secondes, puis ils ont dit : ‘Tirez ! Feu !’” Qui a donné l’ordre et à qui ? “Le commandant d’unité.” La cible, Razeq, se trouvait sur le siège passager, du côté du 4 × 4. “Pas de doute, je le vois dans le viseur. Je commence à tirer. Tout le monde commence à tirer, et je perds le contrôle. Je tire pendant une ou deux secondes. J’ai calculé plus tard que je lui avais tiré onze balles dans la tête. J’aurais pu me contenter d’une seule.” Il ne peut donc pas affirmer que toutes les balles ont été tirées par les forces israéliennes ? “Non, je n’en suis pas sûr. Tout s’est passé en même temps, très vite. […] Je regarde dans la lunette, je vois la moitié de sa tête. Je n’ai aucune raison de tirer onze balles. C’est peut-être par peur, pour faire face à la situation, mais je continue de tirer.”

“Je crois que ceux qui étaient dans le camion ont commencé à paniquer. Ils sont encore en train de tirer, le commandant se met alors à crier : ‘Stop, stop, stop, stop !’ Il faut plusieurs secondes pour que les tirs cessent et je m’aperçois alors que les deux voitures sont criblées de trous. Même la première, qui se trouvait là par hasard.”

Razeq et Dhuheir, les militants, étaient morts. Laban et Al-Leddawi aussi. Par miracle, le chauffeur du taxi, Nahed Fuju, était indemne. Le tireur d’élite se souvient qu’un seul des quatre corps gisait sur le sol. “J’étais choqué à la vue de ce corps. On aurait dit un sac. Il était couvert de mouches. Ils ont demandé qui avait tiré sur la première voiture [la Mercedes], et personne n’a répondu. Il était clair que nous avions foiré, et personne ne voulait l’admettre.” Mais le commandant n’a pas fait de debriefing avant le retour de l’unité à la base.

“Le commandant est entré et il a dit : ‘Félicitations. Nous avons eu un coup de fil du Premier ministre, du ministre de la Défense et du chef d’état-major. Ils nous ont tous félicités. Nous avons parfaitement accompli notre mission.’ C’est alors que j’ai compris qu’ils étaient très contents.” Notre témoin ajoute que la seule discussion rétrospective a porté sur les risques courus par les soldats, qui, dans la fusillade, auraient pu être touchés par des tirs de leur propre camp, puisque les véhicules de l’armée avaient été atteints par des ricochets et qu’au moins un des soldats était sorti du 4 × 4 et avait tiré sur un corps inerte étendu sur le sol. Selon lui, “ils voulaient que la presse ou les Palestiniens sachent qu’ils étaient en train de durcir le combat”. “On venait apparemment de remporter un grand succès, et j’attendais le debriefing, où toutes les questions seraient posées et où des regrets seraient exprimés pour ce dérapage, mais il n’a jamais eu lieu. Ils s’en fichaient. J’avais le sentiment que les commandants étaient convaincus d’avoir remporté une belle victoire.”

L’affaire a immédiatement suscité des remous. Mohammed Dahlan, qui dirigeait alors le Service de sécurité préventive du Fatah, a parlé d’un “assassinat barbare”. La version fournie à la presse par le général de brigade Yair Naveh, chef des forces israéliennes à Gaza, était qu’ils s’apprêtaient à procéder à l’arrestation de Razeq, mais que celui-ci, s’étant douté de quelque chose, avait sorti une kalachnikov pour tirer sur les forces israéliennes : les soldats avaient alors riposté. Même si Razeq était la cible principale, a-t-il souligné, les deux victimes qui se trouvaient dans le taxi étaient eux aussi des activistes du Fatah “qui avaient des liens avec Razeq”.

Tout récemment, M. Al-Leddawi a déclaré que la présence de son fils sur les lieux de l’opération était un tragique concours de circonstances et que sa famille n’avait jamais en tendu parler des deux autres hommes. “Notre famille n’a rien à voir avec la résistance.”


Des graffiti sur les murs, Info-Palestine Traduction de Marie Meertselon Haaretz.
«Nous sommes venus vous anéantir, Mort aux Arabes, Kahane avait raison, Tolérance zéro, nous sommes venus pour liquider ...»

Voilà quelques-uns des graffiti que des soldats israéliens ont laissé à Gaza sur les murs de maisons palestiniennes qu’ils ont transformées en bivouacs et en positions de tir pendant l’opération Plomb Durci. Ici et là, un soldat a gribouillé une ligne de poésie moqueuse ou une citation biblique dans le même sentiment. Il y a aussi des malédictions sur le Prophète Mahomet et le dirigeant du Hamas Ismail Haniyeh, en même temps que des horaires de garde et les équipes de football favorites.

A leur retour, les propriétaires des maisons trouvaient généralement tout dévasté - soit par les premiers obus que les Forces de Défense (FDI) ont tirés pour en chasser les habitants, soit par des effractions et la destruction de meubles, de vêtements, de murs, d’ordinateurs et d’appareils ménagers. Souvent les maisons saccagées restaient debout dans un voisinage où les autres maisons avaient été réduites en gravats par les bulldozers. Les habitants trouvaient aussi toutes les ordures laissées par les soldats.

En Israël, des instituts de recherche décomptent le moindre slogan abusif griffonné dans un cimetière juif à l’étranger et documentent tout article problématique, afin de surveiller la montée de l’antisémitisme. Les médias attachent de l’importance au moindre graffiti contre le premier ministre assassiné Yitzhak Rabin. Mais le racisme quotidien - à la fois institutionnalisé et populaire, déclaratif et pratique - contre les Arabes d’Israël et les Palestiniens de Cisjordanie, celui-là est précautionneusement et pudiquement couvert.

Pas étonnant que les graffiti hébreux, dont les auteurs ont aussi été destructeurs, sur des murs dans le cœur des quartiers palestiniens n’ont pas été relevés par des antennes israéliennes, toujours tellement sensibles au racisme contre les juifs.

Les porte-parole militaires ont pu écarter les rapports et témoignages sur le meurtre de nombreux civils, à courte ou à moyenne portée, comme prétendument fabriqués ou manipulés, ou ils ont pu répondre en général que les terroristes étaient responsables parce qu’ils se cachaient dans les environs. La société israélienne, pour laquelle Plomb Durci a été enterré dans un dossier clos, est toujours prête à n’importe quelle astuce pour expliquer combien son armée est vertueuse et moralement supérieure.

Mais pour ce qui est de l’évidence photographique des graffiti hébreux, difficile de la dénier ou de la prétendre fabriquée, et ce d’autant plus lorsqu’ils apparaissent accompagnés des noms d’unités militaires et de soldats individuels. En effet, le porte-parole militaire a dit que les graffiti contreviennent aux valeurs des FDI, et les FDI les considèrent comme graves.

Tous les soldats n’ont pas commis de graffiti, mais les camarades et les commandants de ceux qui les ont écrits ne les ont pas fait cesser et n’ont pas effacé ce qu’ils avaient gribouillé. C’est en cela que nous pouvons apprécier la sincérité et l’intégrité des soldats. Ils se sont sentis libres d’écrire ce qu’ils ont fait parce qu’ils savaient - comme les pilotes et les opérateurs des drones porteurs de missiles - qu’ils avaient reçu de leur gouvernement et de leur commandant carte blanche pour attaquer une population civile. Alors pourquoi les mots qu’ils ont choisis poseraient-ils un problème ? Ce qu’ils ont écrit sur les murs reflète leur compréhension de l’esprit de leur mission.

Contrairement aux commandants plus âgés qui peuvent se permettre de parler à certains journalistes acceptables pour l’armée, et qui récitent soigneusement ce que les conseillers légaux des FDI et le Bureau du Procureur d’état leur dit de raconter, les scripteurs de graffiti - soldats de l’armée régulière qui ont grandi avec l’occupation et la supériorité militaire d’Israël - n’ont toujours pas compris que le monde fait plus que des armes. Il fait aussi des lois, des règles et des normes humaines.

Leurs commandants leur ont permis de contrevenir aux normes dont ils n’ont manifestement pas conscience. Contrairement à ceux qui formulent les réponses du porte-parole des FDI, les jeunes soldats, peu sophistiqués, n’ont pas d’expérience pour dissimuler les actions de l’armée et ses missions, leur mission, avec des mots qui brouillent la vérité.

Amira Haas


Gaza : les témoignages accablants des soldats israéliens, Libération.
Le quotidien Haaretz a publié des extraits des compte-rendus faits par les militaires de l'Etat hébreu après le conflit dans le territoire palestinien. Ils font notamment état de tirs injustifiés ayant provoqué la mort de civils.

Les nombreux témoignages palestiniens sur les exactions israéliennes lors de la récente opération militaire à Gaza, sont, pour la première fois, relayés par ceux de militaires israéliens. Les récits de ces soldats, ayant participé à l’Opération Plomb durci contre le Hamas en janvier dernier, font notamment état de tirs injustifiés ayant provoqué la mort de civils palestiniens, en raison du laxisme des règles d’engagement.

Ces témoignages, issus de discussions organisées en février par l’académie militaire dans laquelle avaient été formés les soldats, ont été publiés dans la lettre d’information de l’académie. Le quotidien israélien Haaretz en a publié des extraits ce jeudi et les publiera vendredi dans leur intégralité dans son supplément du week-end.

«Mon officier a envoyé des hommes sur le toit pour la tuer»

Parmi les témoignages, figure le cas d’une mère de famille, tuée avec ses deux enfants, parce qu’elle s’était trompée de chemin en suivant les ordres des soldats. «Le tireur d’élite a vu une femme et des enfants s’approcher de lui et entrer dans la zone dans laquelle on lui avait dit que personne ne devait pénétrer. Il a tiré et les a tués», relate un chef de brigade. «D’après les discussions que j’ai eues avec mes hommes, […] le sentiment général prévalait que la vie des Palestiniens était beaucoup moins importante que la vie de nos soldats», ajoute-t-il.

Un autre témoignage fait état d’une vieille femme Palestinienne tuée alors qu’elle traversait une rue non loin d’un immeuble tenu par des soldats israéliens. «Je ne sais pas si elle était ou non suspecte, je ne connais pas son histoire. Ce que je sais, c’est que mon officier a envoyé des hommes sur le toit pour la tuer», relate un soldat.

Le directeur de l’académie militaire, Dany Zamir, a expliqué qu’en organisant les discussions sur la conduite de l’offensive israélienne, il ne s’attendait pas à de tels témoignages. «Nous pensions que les soldats allaient nous parler de leurs expériences personnelles pendant la guerre et des leçons qu’ils en avaient tirées, nous ne nous attendions absolument pas à ce que nous avons entendu. Cela a été un choc», a-t-il dit. Après avoir entendu les témoignages, Zamir en a immédiatement rendu compte au chef d’Etat-Major Gabi Ashkenazi qui a ordonné le lancement d’une enquête.

L'article a provoqué un début de polémique en Israël

«Les soldats ne mentent pas pour la bonne raison qu’ils n’ont aucune raison de le faire», commente Amos Harel, le journaliste d’Haaretz à l’origine de la publication des témoignages. «Il y a une continuité des témoignages provenant de différents secteurs qui fait émerger une image troublante et déprimante. L’armée rendrait service à tout le monde, et à elle-même en premier lieu, si elle prenait au sérieux les accusations de ces soldats et menait une enquête en profondeur […] Il est possible qu’il y ait quelques exagérations ou erreurs dans ces témoignages mais ils constituent la preuve, de première main, de ce que la plupart des Israéliens préfèrent ne pas voir. Ils décrivent la manière dont l’armée a mené sa guerre contre des terroristes armés, avec une population de 1,5 million de civils coincés au milieu», estime le spécialiste militaire du quotidien de gauche.

Son article a provoqué de nombreuses réactions et un début de polémique en Israël. Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a défendu l’éthique et les actions de l’armée lors de l’offensive contre le Hamas, qui a fait 1.300 morts et 5.000 blessés palestiniens, selon un bilan des services médicaux palestiniens. «L’armée israélienne est la plus morale du monde, et je sais de quoi je parle car je sais ce qui s’est passé en ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak», a-t-il dit à la radio publique israélienne. «Bien sûr, il peut y avoir des exceptions et tout ce qui a pu être dit va être vérifié», a assuré Ehud Barak.

De leurs côtés les représentants arabe-israéliens à la Knesset, le parlement israélien, Ahmed Tibi et Mohammad Barrakeh ont déclaré que les témoignages des soldats étaient la «preuve qu’Israël avait commis des crimes de guerre à Gaza».

Commentaires : Cet article, publié le 19/03/2009, est repris le 21/03/2009 sous le titre Des soldats israéliens racontent leurs crimes à Gaza, Libération.


Israël peut-il ignorer les récits de ses propres troupes au sujet de Gaza ?, Info-Palestine Traduction d'Anne-Marie Goossens selon Haaretz.
Comme toujours la réalité est totalement différente de la version édulcorée servie par les commandants militaires au public et aux médias pendant et après l’opération contre Gaza.

Les déclarations des soldats de la force israélienne de défense appartenant au cours militaire préparatoire Yitzhak Rabin ont fourni la première image non censurée de ce qui s’est passé dans certaines des unités combattantes lors de l’opération Plomb fondu.

Il semble que les soldats racontent en fait comment les choses se sont passées couramment sur le terrain. Et comme toujours, la réalité est totalement différente de la version édulcorée servie par les commandants militaires au public et aux médias pendant et après l’opération.

Les soldats ne mentent pas pour la simple raison qu’ils n’ont aucune raison de mentir. Si vous lisez la transcription de leurs récits qui sera publiée par Haaretz vendredi, vous n’y trouverez ni jugement ni vantardise. Ils racontent ce qu’ils ont vu à Gaza. Il y a une cohérence dans les témoignages émanant de différents secteurs qui reflètent une image troublante et déprimante.

La FID rendra un grand service à tout le monde et surtout à elle-même si elle prend les témoignages de ses soldats au sérieux et mène une enquête approfondie. Quand les témoignages émanaient uniquement de Palestiniens ou de la « presse hostile », il était facile de les balayer comme de la propagande servant à l’ennemi. Mais que faire quand ce sont les soldats eux-mêmes qui racontent l’histoire ?

Il est possible que dans ce qu’ils racontent il y ait quelques erreurs ou exagérations parce qu’un chef d’escouade ou de section ne voit pas toujours l’ensemble du tableau. Mais il y a des preuves de première main quant à ce que la plupart des Israéliens préféreraient refouler. Il s’agit de la manière dont l’armée a mené sa guerre contre des terroristes armés, avec une population civile de 1 million et demi de personnes coincées au milieu.

Répondant mercredi à une question de Haaretz, Danny Zamir, directeur de l’école militaire, a annoncé qu’il avait décidé de publier le débat uniquement après avoir parlé et écrit à plusieurs reprises aux officiers supérieurs de la FID . Les officiers d’état-major ont dit à Zamir que les enquêtes opérationnelles au sujet des combats à Gaza, y compris l’enquête sur l’éthique, étaient loin d’être terminées. Les officiers ont aussi dit qu’ils n’avaient pas trouvé de preuves quant au type d’incidents décrits par les soldats.

Si la FID n’a vraiment jamais entendu parler de ces incidents, il est raisonnable de présumer qu’elle ne voulait pas les connaître. Les soldats décrivent la réalité dans les unités de combat depuis le niveau du commandant de compagnie jusqu’à la base. Les participants aux debriefings comprennent habituellement les commandants de compagnie et leurs supérieurs. Il semble qu’à l’exception d’incidents isolés, la règle était « vous ne posez pas de questions et nous ne disons rien ».

Ce sont finalement les soldats des unités de combat qui ont lâché le morceau. Leur conscience les a, en quelque sorte, interpellés.

Dans les jours à venir, nous entendrons certainement parler de ceux qui ont coincé Zamir et qui chercheront à réfuter ces affirmations. En 1990, alors commandant de compagnie dans les réserves, Zamir a été jugé et condamné à la prison pour avoir refusé de monter la garde dans une cérémonie où des gens de droite avaient apporté des rouleaux de la Torah au tombeau de Joseph à Naplouse. Mais même si Zamir ne cache pas ses opinions politiques, on se rend compte en lisant la transcription du jugement qu’il agit par souci de l’esprit de la FDI.

Les problèmes moraux de la FID n’ont pas commencé en 2009. De telles discussions remontent à la guerre des six jours. Mais un officier de réserve qui a examiné les témoignages mercredi a fait remarquer que « ce n’est pas la FDI que nous connaissions ».

Les récits montrent qu’Israël considère l’ennemi de façon de plus en plus extrême. La détérioration est continue - depuis la première guerre du Liban à la seconde, depuis la première intifada à la deuxième, depuis l’opération bouclier de défense à l’opération Plomb fondu.


Des soldats israéliens témoignent d'humiliations et d'actes de vandalisme dans la Bande de Gaza, AP-Yahoo! Actualités.
Une série de témoignages de soldats israéliens vient jeter une lumière très crue sur l'opération "Plomb durci" dans la Bande de Gaza. Les révélations se sont multipliées ces derniers jours, sur les humiliations et actes de vandalisme contre des civils et leurs maisons, et l'assouplissement des règles d'engagement, qui a eu des morts pour conséquence, provoquant l'ouverture d'une enquête.

Le gouvernement israélien a toujours affirmé avoir tout tenté pour éviter les victimes civiles pendant les trois semaines de cette offensive qui s'est achevée à la mi-janvier. Leur nombre élevé a pourtant suscité les condamnations de la communauté internationale.

Mais jeudi, soit deux mois après la fin de l'offensive, Tsahal a ordonné une enquête sur ses propres soldats, après ces témoignages selon lesquels certains soldats ont tiré, parfois un peu trop vite et de manière indiscriminée, comptant sur le fait que l'assouplissement des règles d'engagement les protégerait.

Ces révélations sèment le trouble et suscitent des interrogations, dans un pays où Tsahal, un des principaux piliers d'Israël, bénéficie d'un respect considérable, mais où, déjà, la guerre du Liban de l'été 2006 avait ébranlé des certitudes. Pourtant, Ehoud Barak, le ministre de la Défense, a réaffirmé jeudi ce qu'Israël se répète: son armée est "la plus éthique au monde".

Ces témoignages sont d'autant plus troublants qu'ils viennent conforter les accusations des Palestiniens et des organisations de défense des droits de l'Homme, selon lesquelles Israël aurait violé les lois de la guerre à Gaza.

Ces témoignages ont été publiés dans la lettre d'information en ligne d'une école militaire, transmise aux journaux israéliens "Haaretz" et "Maariv", qui en ont publié des extraits jeudi et vendredi, et que l'agence de presse américaine Associated Press a obtenus dans leur intégralité.

Le directeur de l'institut militaire, Danny Zamir, a qualifié la discussion entre soldats "d'instructive", mais également "consternante et déprimante": "vous êtes en train de décrire une armée avec des normes très basses".

L'un des soldats décrit comment une Palestinienne et ses deux enfants ont été tués, atteints par un sniper, pour avoir mal compris ce qu'un soldat israélien leur ordonnait et pris le mauvais chemin: le tireur embusqué n'avait pas été informé que les civils avaient reçu l'autorisation de sortir de la maison qu'il surveillait, et a donc ouvert le feu quand il les a vus approcher.

Un autre raconte la mort d'une vieille femme, abattue alors qu'elle marchait sur la route et qu'il n'était pas clair qu'elle constitue un danger. "J'ai simplement eu l'impression que c'était un meurtre de sang froid", raconte le soldat identifié uniquement sous le nom d'"Aviv".

Et "Aviv" de raconter également comment sa propre unité a reçu ordre d'investir une maison par la force et de tirer à vue sur toute personne s'y trouvant. "J'appelle ça meurtre", a estimé le soldat. "En haut, ils disaient que c'était autorisé, parce que quiconque restait dans le secteur et dans la ville de Gaza était dans les faits condamné, et un terroriste, parce qu'ils n'avaient pas fui".

Le jeune homme explique ensuite qu'il a insisté pour qu'on donne cinq minutes aux habitants pour évacuer, une attitude qui a déclenché des protestations parmi ses camarades. Selon lui, les soldats se comportaient comme si "à l'intérieur de Gaza, vous avez le droit de faire ce que vous voulez, d'enfoncer les portes des maisons sans autre raison que le fait que c'est cool". "Ecrire 'Mort aux Arabes' sur les murs, prendre les photos de famille et leur cracher dessus, juste parce que vous pouvez le faire", a-t-il ajouté.

Un autre soldat, "Ram", décrit ce qui semble être une querelle entre soldats laïcs et soldats religieux, et le "fossé profond" entre les informations préalables à l'opération fournies par l'armée et celles fournies par le rabbinat militaire, donnant le sentiment d'une "mission quasi-religieuse". "Leur message était très clair: 'Nous sommes le peuple juif, nous sommes venus sur cette terre grâce à un miracle. Dieu nous a ramenés sur cette terre, et maintenant nous devons nous battre pour chasser ceux qui interfèrent avec notre conquête de cette terre sainte'", dit-il.

Un peu plus tôt cette année, Tsahal avait déjà sérieusement réprimandé un officier pour avoir distribué un pamphlet religieux appelant les soldats à n'avoir aucune pitié avec leurs ennemis: ce document était basé sur les écrits d'un rabbin ultranationaliste, et pas approuvé par le rabbinat militaire, a expliqué l'armée israélienne.


L’enquête sur les allégations au sujet de Gaza arrive trop tard, Info-Palestine Traduction de l’anglais d'Anne-Marie Goossens selon Haaretz.
La publication, jeudi, par Haaretz, des récits de soldats ayant participé à l’opération contre Gaza a déjà eu une répercussion importante.

Le procureur militaire, Avihai Mandelblitt, a ordonné à la police militaire de mener deux enquêtes au sujet des commentaires faits par les chefs d’escouade Givati dans leur alma mater, l’académie militaire préparatoire, au sujet des incidents au cours desquels, selon eux, des civils Palestiniens auraient été tués. Jusqu’ici, l’armée s’est contentée de mener ses enquêtes sur les opérations et a complètement évité toutes poursuites criminelles.

En attendant, et avec la même efficacité, la FID a pris une autre mesure : elle s’est empressée de discréditer le témoignage et les motifs du directeur de l’académie, Danny Zamir.

Jeudi après-midi, les médias s’étaient entendu dire confidentiellement que :

1. Zamir est un refuznik bien connu (c’est vrai en partie, car il a refusé de servir dans les territoires en 1990 ; cela ne l’a toutefois pas empêché d’avoir de l’avancement dans les réserves, ni d’être nommé au poste de directeur du comité de préparation militaire de l’académie).
2. Les récits montrent que Zamir « incite » ses élèves à faire des dépositions accablantes (Là, il y a problème. Les procès-verbaux montrent que les soldats ont relaté leurs expériences volontairement, même s’ils n’en étaient pas fiers).
3. Zamir a caché les procès-verbaux à la FID, mais il s’est empressé de les communiquer à la presse.

Cette allégation, excusez-moi, ne tenait pas la route et dans la soirée, l’armée s’était rétractée. Les échanges de courriels entre Zamir et le bureau du chef d’état-major montrent que Zamir l’avait mis au courant le 23 février. Le 5 mars, il a envoyé le procès-verbal à un collaborateur d’Ashkenazy qui le lui avait demandé.

À moins que le bureau de l’état-major n’ait eu du mal à ouvrir un document « Word » (et connaissant le colonel Erez Weiner, cela est peu probable) l’armée connaissait les témoignages depuis deux semaines. Cette chronologie soulève une autre question troublante : pourquoi l’information n’a-t-elle pas été transmise immédiatement au procureur militaire ? Il est bizarre qu’il ait fallu que les articles paraissent dans la presse pour déclencher une réaction.

Et maintenant, l’allégation la plus intéressante : l’après-midi même, l’armée pouvait déclarer que l’enquête sur le témoignage concernant la mère et les deux enfants abattus avait abouti à des conclusions préliminaires. Le commandant de la brigade Givati, Ilan Malkha, a convoqué le chef d’escouade qui avait raconté l’histoire et qui avait admis qu’il s’était fié uniquement aux rumeurs circulant dans la compagnie. Il va sans dire que le soldat n’a pas été dépêché pour donner sa version remaniée à la presse.

Une des tâches les plus importante des relations publiques est de limiter les dégâts quand il y a un problème d’image. Il est impressionnant de voir l’énergie qui y a été consacrée ce jeudi, mais il est décevant - si pas surprenant - de voir avec quel enthousiasme les grands organes de presse ont accepté les allégations de la FID, soit parce que l’information était relayée par la concurrence, soit qu’elle émanait de ceux dont le témoignage n’est pas conforme à la manière dont « notre FID » est censée agir.

Le tout s’est accompagné d’une intensive chasse aux sorcières pour retrouver les sources et d’une campagne d’intimidation contre les diplômés du cours préparatoire Oranim (pendant les 10 dernières années ,le gauchiste Zamir a formé bon nombre de commandants de compagnie décorés).

Toutefois l’histoire a fait le tour des unités combattantes. Les officiers qui ont parlé avec Haaretz considèrent que les témoignages qu’ils ont lus sont très crédibles. D’autres ont relevé que ce n’est pas par hasard que certaines unités (Givati et Golani) semblent plus exposées à de telles suspicions que d’autres (les paras).

La rapidité avec laquelle la FID a lancé les enquêtes est digne d’éloges. Les enquêtes devraient se concentrer sur la crédibilité des récits et sur la manière dont les officiers supérieurs supervisent les opérations.

En 2004, quatre années après le début de la deuxième intifada, deux prévisions pessimistes avaient été publiées concernant les implications à long terme du soulèvement. « Je suis assurément inquiet » avait dit le premier intervenant. « Il est évident que nous payons le prix de cette guerre. La responsabilité de l’officier est de protéger les soldats contre leurs instincts et de leur expliquer les règles de comportement à suivre. Notre problème c’est que les soldats ne tiennent pas compte des problèmes quand ils sont en uniforme ».

Le second intervenant partageait le même souci. « Je me préoccupe le plus » dit-il « de la perte d’humanité qu’engendre une longue guerre ».

Et de qui émanaient ces paroles ? Ce n’étaient pas deux journalistes ennemis de l’État. Le premier était alors Chef d’état-major (et actuellement candidat au poste de ministre de la défense) Moshe Ya’alon. Le second était son adjoint, l’actuel chef d’état-major Gabi Ashkenazi.


Tel-Aviv / les dégénérés sont de sortie, EuroPalestine.
Des cadavres de bébés palestiniens, des mères éplorées sur la tombe de leur enfant mort, des mosquées réduites en cendres : voilà un aperçu des « décorations » ornant les T-shirts des soldats de l’armée israélienne, qui font la fortune d’une entreprise textile de Tel-Aviv.

Sous le titre, « La mode, version Tsahal 2009 », le journaliste Uri Blau a publié vendredi dans le Haaretz un reportage dévastateur sur les mœurs de "l’armée la plus morale du monde".

La firme Adiv, spécialisée dans l’impression de T-shirts, casquettes et pantalons « à la carte », réalise une bonne moitié de son chiffre d’affaires avec les commandes personnalisées de militaires.

Il y a encore peu, les productions de la maison Adiv restaient « classiques », d’un point de vue militariste s’entend.

Un lieutenant ou un sergent passaient au magasin, et demandaient l’édition, pour toute une section de soldats démobilisés, de T-shirts arborant les armoiries de l’unité concernée.

Comme cela, les camarades du soldat Shalit –que l’armée israélienne n’a apparemment pas réussi à tuer, pendant le pilonnage de Gaza- pouvaient prolonger dans la vie civile leur statut d’hommes, de vrais, pas comme ces mauviettes de gauchistes qui refusent de porter les armes.

Mais un tank, un canon, un fusil orphelin au milieu du T-Shirt, c’est un peu ringard pour impressionner copines et copains, et un nombre croissant de militaires se sont découverts des talents créatifs.

L’imagination la plus morbide a alors pris le pouvoir. Les conscrits ayant subi la formation à la spécialité de « sniper » (tireurs équipés de fusils de haute précision, pour tirer de loin) ont apparemment été les plus enthousiastes, selon les résultats de l’enquête conduite par Uri Blau.

Un des T-shirts imprimés pour les snipers d’un régiment d’infanterie porte l’inscription « Pensez au préservatif », à côté du dessin d’une maman palestinienne pleurant devant le corps de son bébé. Un autre montre une femme palestinienne enceinte, dans la mire du fusil, et cette inscription : « Une balle, deux morts ».


Ou encore, cette bande dessinée où l’on voit un nourrisson palestinien, devenant ensuite un garçon lanceur de pierres, puis un adulte en armes, avec cette inscription : « Peu importe comment cela commence, c’est nous qui sifflons la fin de la partie ».

Il y a aussi un grand nombre de T-shirts illustrant les dérangements sexuels de ces hommes. Par exemple, le bataillon Lavi s’est fait faire un maillot où l’on voit un soldat israélien, à côté d’une femme au visage tuméfié, et la légende : « J’parie que tu t’est fait violer ». D’autres illustrent la pratique, démentie par l’Etat-major au mépris d’innombrables témoignages, qui consiste à achever les blessés dits ennemis (c’est-à-dire n’importe quel humain ayant le malheur d’être palestinien).

La pratique en vigueur consiste à tirer une balle dans la tête, à bout portant ou touchant, de la victime, et de rapporter ensuite à l’échelon supérieur « mort confirmée ! ».

Dans de nombreux cas, écrit Uri Blau, la commande des T-shirts est un processus collectif, conduit au sein même de l’armée, sous la supervision de sous-officiers ou d’officiers subalternes (du sergent au capitaine), et les dénégations de l’Etat-major manquent complètement de crédibilité, peut-on constater à la lecture du reportage.

Par exemple, le slogan “Toute mère arabe doit savoir que le sort de son propre fils est entre mes mains” avait été officiellement refusé dans une caserne. Mais un soldat de la brigade d’élite Givati confirme à Haaretz que sa section a acheté des dizaines de T-shirts, pantalons et vestes de treillis arborant la courageuse devise.

"On a aussi fait faire un modèle montrant un de nos soldats en Ange de la Mort, au-dessus d’un village arabe”, ajoute le soldat, rigolant encore au souvenir que l’ouvrier chargé d’imprimer ces horreurs chez Adiv était lui-même palestinien.

Et ce T-Shirt, édité en 2007, où l’on voit un enfant et la légende, « Plus c’est petit, plus c’est difficile », que doit-on en penser ? demande Blau.

“Ben, c’est un gosse, alors forcément, c’est un peu plus difficile moralement, mais cela veut aussi dire que la cible étant plus petite, elle est plus difficile à atteindre”, répond l’intéressé, sans malice.

Les militaires religieux, c’est-à-dire ceux des élèves des écoles rabbiniques qui acceptent de faire l’armée, ne sont pas en reste.

Y., que Blau a interrogé, est tout fier de son œuvre : un soldat ressemblant au gorille géant King-Kong du cinéma hollywoodien, tenant dans sa patte une mosquée écrabouillée.

« J’ai peiné sur ce dessin. Je voulais un personnage qui ressemble à King-Kong, mais pas trop quand même. Je voulais pas que son visage soit trop monstrueux, pour pas qu’il ressemble à une caricature antisémite. Je l’ai montré à des gens, qui étaient contre, parce que cela donnait une mauvaise image de l’armée. Mais moi, j’ai fait Gaza, et on n’a pas arrêté de nous dire que l’objectif de l’opération, c’était bien de démolir les infrastructures, alors je ne vois pas ce qu’il y a à redire à mon inscription ‘On est venus ici pour détruire’ », dit le soldat Y, avant de s’énerver contre le journaliste.

Et ainsi de suite. Incapables de triompher de la résistance palestinienne, y compris après les horreurs de Gaza, des soldats se sont “vengés” en éditant un T-shirt où l’on voit un vautour en train de violer le Premier ministre palestinien Ismael Haniyeh. « Le capitaine de notre compagnie n’était pas d’accord. Alors, on se contente de porter ce truc à l’intérieur de notre peloton », précise un des soudards.

Information complète obligeant, Uri Blau a également interrogé divers responsables, à commencer par le patron d’Adiv, Haim Yisrael.

“Le secteur militaire de mon activité s’est beaucoup développé au fil des ans. Maintenant, le moindre séminaire avec une quinzaine de participants génère une commande particulière », indique-t-il.

« C’est vrai, il arrive que des officiers froncent les sourcils, pour me dire que j’y vais quand même un peu fort avec toutes ces monstruosités sur les Arabes. Moi je leur réponds tranquillement que je dirige une entreprise privée, et que le client est libre de mettre ce qu’il veut sur les vêtements, ce n’est pas à moi de le censurer ».

Evyatar Ben-Tzedef, un ancien militaire de carrière, s’en tire avec une pirouette, et botte en touche. “De mon temps, ce n’était pas comme ça. Mais les temps changent, il y a aujourd’hui un manque de respect pour les êtres humains et leur environnement, c’est ainsi”.

L’officier Kaufman, responsable de la modération sur un site web de l’armée, fournit à Blau quelques descriptions supplémentaires, dont ce T-shirt montrant un garçonnet palestinien fuyant les soldats : « Arrête de courir, tu vas mourir fatigué », ou ce dessin d’un soldat israélien violant une fillette, avec le slogan « Pas de vierges, pas d’attentats terroristes ». « C’est moche, mais je dois avouer que cela m’a bien fait rire », se lâche Kaufman, avant de vaquer à ses occupations.

Passons rapidement sur les tremolos du porte-parole de l’armée, qui condamne, bien entendu, toutes ces atteintes à “l’éthique” de Tsahal, avant d’affirmer que les soldats font cela dans le cadre de leurs activités civiles. En substance, donc, « cela ne nous regarde pas ».

On laissera le dernier mot à un curieux personnage, le colonel de réserve Ron Levy.

L’homme avait fait son service militaire dans le Sayeret Matkal, une force spécialisée dans les assassinats (le Sayeret Matkal a ainsi participé directement au massacre de Sabra et Chatila), avant de devenir … chef du service de santé mentale de l’armée.

Pour ce « psychologue » couleur kaki, pas de doute, ce que font les soldats avec ces T-shirts, c’est un défoulement, parfaitement sain, de la violence et de la colère qui est en eux, généralement en dessous de la ceinture. « Cela reflète aussi le fait que ce qui est anormal aujourd’hui ne le sera pas forcément demain ».

La civilisation, on vous dit !


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