Les autorités israéliennes ont décidé de prolonger de vingt ans l'interdiction d'accès aux archives gouvernementales, la portant à soixante-dix ans. Ces archives concernent en particulier la campagne du Sinaï contre l'Egypte en 1956, lancée en coordination avec la France et la Grande-Bretagne, des affaires d'espionnage et le début du programme nucléaire israélien.
"Ces archives continueront à être classifiées de crainte d'atteinte à la vie privée des personnes mentionnées ou de leurs proches" a déclaré à l'AFP le directeur des Archives nationales, Yehoshua Freundlich. "Nous devons également maintenir le secret défense" compte tenu du risque qu'Israël peut se faire accuser "de violer le droit international", a-t-il ajouté. Selon lui, dans un certain nombre de pays occidentaux, "des documents d'Etat restent classifiés soixante-dix ans voire plus".
Selon le quotidien Ha'aretz, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a décidé il y a deux semaines de prolonger la période du secret, sous la pression des services secrets.
L'historien israélien Tom Segev a dénoncé cette mesure estimant qu'elle traduisait une "tendance antidémocratique" dans la société israélienne. "S'il est légitime de ne pas dévoiler certains noms et de maintenir le secret sur des sujets ultrasensibles, interdire globalement de publier ou même de consulter ces documents, relève d'une démarche antidémocratique inquiétante et d'une volonté de masquer des fautes, voire des crimes de guerre passés", a-t-il déclaré à l'AFP. Le maintien du secret a également été dénoncé comme une mesure "arbitraire et injustifiée" par l'Association des droits civiques en Israël.
En février 1995, les Archives nationales israéliennes avaient censuré des documents officiels concernant l'expulsion de Palestiniens pendant la première guerre israélo-arabe, en 1948. Les Archives, qui relèvent du bureau du premier ministre, avaient publié quatre mille pages de protocoles des réunions du gouvernement provisoire israélien entre mai 1948, date de la proclamation de l'Etat hébreu, et avril 1949.
Elles les avaient cependant expurgées de passages concernant l'exode des plus de sept cent mille Palestiniens qui ont fui l'avance de l'armée israélienne ou ont été chassés de chez eux, ainsi que des atrocités commises par l'armée israélienne.
AFP
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