Culture de guerre - Représenter et penser l'affrontement (XIXe siècle à nos jours), Amnis - Revue de civilisation contemporaine Europes/Amériques n°10, Mai 2011.
Penser et écrire la guerre, c'est la représenter, mettre des mots sur le chaos, construire le récit d'un phénomène qui se dérobe et interroge la prétendue rationalité des hommes. La guerre est un événement particulièrement complexe à appréhender, car elle plonge quiconque la subit dans une réalité nouvelle, un phénomène de masse inédit. Pour autant, nous partageons tous certaines représentations de la guerre. Elles ont été façonnées par les témoignages et les nombreux vecteurs, dont les sociétés contemporaines disposent, pour entrer contact avec l'épreuve du feu et le quotidien des soldats. L'art, la littérature, la musique, le cinéma, la presse et internet ont orienté nos perceptions, tout en demeurant dans l'incapacité de transcrire une partie essentielle de la réalité afférente à la mort et à la souffrance sur le champ de bataille et ce, pour des raisons qui tiennent tant à la nature de ces vecteurs qu'à des pratiques comme la censure. Comment transmettre à un lecteur la puissance que renferme le souffle d'une explosion ? Comment reproduire le chaos régnant dans l'esprit de deux combattants s'affrontant dans un corps à corps mortel ? Comment partager l'odeur des cadavres ? La guerre telle qu'elle est perçue et imaginée est le fruit d'une construction idéologique et sociale, façonnée par les normes culturelles régissant la société qui produit le discours – textuel et iconographique – sur le conflit. La guerre est ainsi pensée à partir de modèles socioculturels, qui laissent entendre qu'il existe un conflit type, un paradigme de guerre exemplaire, à travers lequel se déclinent, se représentent et se jugent l'ensemble des conflagrations, même si la guerre de masse et les visions de charniers au XXe siècle ont mis à mal les modèles dominants.Louis XIV, roi de guerre, Revue historique des armées n°263, Mai 2011.
La Revue historique des armées s'intéresse aujourd'hui à l'histoire moderne à travers un dossier consacré à "Louis XIV, roi de guerre", dossier qui aurait tout aussi bien pu être appelé "Louis XIV, roi de paix" comme le montre avec malice, rigueur et conviction Jean-Pierre Bois et qui impose de nuancer l'assertion initiale. Les sept articles livrés ici en montrent en fait l'inanité et prouvent, si besoin était, à quel point les périodes plus anciennes, ici la période moderne, peuvent être source d'apprentissage, de connaissance et surtout de réflexion sur et pour "les contemporains".Sigles et acronymes en politique, Mots. Les langages du politique, Janvier 2011.
Ce dossier, qui traite du sigle et de l'acronyme en discours et comme discours, interroge le sémantisme politisant du procédé. Cette perspective ouvre une série de questions. Ce type d'abrègement faisant sens par lui-même et pouvant être contesté ou valorisé, que fait-on, que veut-on dire quand on crée un sigle ou un acronyme en politique ? Son produit pouvant avoir un sens spécifique par rapport à la dénomination siglée dont il n'est généralement pas une simple variante, et cela jusqu'à la perte de toute transparence motivationnelle, qu'exprime-t-il de différent de ce que dit le syntagme de départ ? Le sigle ou l'acronyme prenant un sens particulier en contexte selon l'usage qu'on en fait, que veut-on signifier alors, et que comprend-on lors de chaque usage de cette catégorie de désignants ? Enfin, en relation avec la perspective sémantique, qu'en est-il des dimensions phonique, prosodique, graphique, morphologique et syntaxique de la siglaison ?Orwell, entre littérature et politique, Agone n°45, Janvier 2011.
Orwell n'a peut-être pas été ce prophète que d'aucuns aimeraient voir en lui, mais sa critique de la gauche offre toujours une base à partir de laquelle repenser la crise des gauches contemporaines. L'honnêteté sans faille de cette critique, la haine de tout ce qui prend l'apparence du politique en éludant les vraies questions ne nécessitent qu'un léger ajustement aujourd'hui.Lire aussi :
Ce qui mérite d'être ravivé, dans ce monde mielleux de tolérance, de réforme modeste et de gauche "propre sur elle", c'est la colère qu'Orwell puisait dans sa haine de l'indécence. La disparition des pauvres et des parias du discours politique montre que la gauche, au bout du compte, accepte les distinctions de classe. Il nous faut réapprendre auprès d'Orwell cette décence qui naît de la colère : son indignation face à l'état du monde, mais également face aux excès des intellectuels de gauche, qui, à bien des égards, ont l'indécence d'ignorer le "peuple" et ses contradictions.
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