Réceptions de Marx en Europe avant 1914, Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique n°114, Janvier 2011.
Voilà bientôt vingt ans que Jacques Derrida évoquait "les spectres" de Marx, repartant des premiers mots bien connus du Manifeste du Parti communiste, "Un spectre hante l'Europe : le spectre du communisme". Ce spectre était alors un nouveau venu, présence surprenante et menaçante pour la "vieille Europe". Le spectre de Marx, lui, ne nous a jamais quitté et plane sur la vieille Europe depuis plus de 150 années. Nous sommes, certes, hantés, nous le savons et l'admettons de plus en plus volontiers. Il est partout ou presque, dans nos pratiques, nos analyses, notre langue, cet auteur incisif, ce politique intrépide, dirigeant, exilé, passant par nécessité matérielle mais aussi intellectuelle les frontières, des États comme des genres de la pensée et de son expression. La masse des écrits, des éditions, des interprétations, des appropriations, croisés, juxtaposés, depuis 150 ans d'un continent à l'autre, se combinent avec des mises en œuvre politiques, diverses, conflictuelles, partout emportées par une grande débâcle, pour constituer un amas immense. La figure tutélaire, celle des affiches, des drapeaux, source de légitimité, source d'histoire, source d'enthousiasme, de confiance flotte toujours autour de nous, diffuse, mais, comme toute autre, de plus en plus déconstruite, désarticulée.
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