9 octobre 2008

Ça krache de partout

DINUCCI Manlio, L'obscenité des chiffres : le budget militaire coûte plus cher que le plan de sauvetage, Le Grand Soir
« Trois jours après son approbation, le plan de sauvetage de 700 milliards de dollars, qui aurait du calmer le système financier mondial, apparaît comme un caillou jeté dans une mer en pleine tempête ». Cette conclusion inconfortable, tirée du New York Times d’hier (6 octobre 2008, NDT) n’est pas étonnante.

Tandis que l’attention mondiale était concentrée sur le « plan de sauvetage », un fait est passé quasiment inaperçu : le Congrès des Etats-Unis a approuvé à une écrasante majorité bipartisane, pour l’année fiscale 2009 (qui commence le 1er octobre 2008), une dépense militaire de 612 milliards de dollars.

Commentaires : Une dépêche Reuters, publiée par Le Point, relate que l'Otan réclame une hausse des budgets militaires malgré la crise.


Revue de presse française, NouvelObs

LA TRIBUNE
Jusqu'à présent, tout ce qui a été essayé va dans le sens du bien public, en Europe et aux Etats-Unis. Curieusement, on y retrouve des outils très semblables à ceux qui avaient été imaginés dans les années trente. Le sauvetage des banques par l'État avait été lancé par la République de Weimar, suivie par le New Deal de Roosevelt. L'Italie de Mussolini, elle, avait mis en place un vaste holding public, l'IRI (Istituto per la ricostruzione industriale), qui avait vocation à relever toutes les entreprises importantes menacées de faillite. C'est précisément ce que le Premier ministre François Fillon a proposé hier de créer en France. Reste à espérer que d'autres idées des années trente, les mauvaises, ne ressortent pas à leur tour.

LA COURRIER PICARD
Les gouvernements ont beau annoncer, chaque jour, de nouvelles mesures spectaculaires pour soutenir les banques, injecter massivement des capitaux, faire jouer à fond tous leurs leviers politiques et économiques, rien n'y fait...

L'EST REPUBLICAIN
Comment ne pas perdre confiance quand partout le chaos s'installe? Les journées noires se succèdent et le tsunami financier nous entraîne en terre inconnue. Le doute le dispute au malaise, l'angoisse à l'affolement. Investisseurs et politiques, épargnants et économistes cherchent désespérément des repères, un début de cohérence, une amorce d'éclaircie. En vain. En toute logique, l'action concertée des banques centrales des vingt pays les plus riches de la planète - du jamais vu depuis les attentats du 11 septembre - aurait dû provoquer un choc sur les marchés boursiers. Effet quasi-nul... A vrai dire, chacun mesure à quel point il n'y a plus de logique. L'irrationalité mène la danse, à un tempo fou. Et l'incrédulité grandit. Car malgré leur activisme, nos dirigeants s'avèrent incapables de nous fournir une nouvelle grille de lecture. Et encore moins une vision d'avenir.

L'ALSACE
La crise financière avance comme un train fou dont l'ordinateur central aurait explosé, et que le conducteur ne peut plus freiner. (...) Les financiers sont dépassés par le monstre qu'ils ont enfanté. Leur création, puissante et sophistiquée, leur a échappé des mains. Les Etats n'ont à opposer que de bien piètres défenses qui n'ont, en outre, nullement été dimensionnées pour une crise de ce type. La garantie des comptes bancaires est surtout formelle. Si tous les épargnants se ruaient sur leurs économies, les budgets nationaux ne suffiraient pas à honorer les promesses faites depuis dimanche. Pourtant, il n'y a pas d'autre solution que de barrer la route à la locomotive qui s'est emballée, sans la faire dérailler et sans qu'elle écrase trop de monde. Comment ? C'est justement ce que personne ne sait. Pour l'instant, on n'a trouvé à placer sur son trajet qu'un épais matelas d'euros et de dollars. La locomotive les a tous avalés. Combien en faudra-t-il encore ?


La thérapie de choc des banques centrales n’apaise pas la fièvre boursière, RFI
« Reprenez vos esprits », a lancé le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, en direction des marchés financiers. « Le pessimisme excessif est très mauvais conseiller. »

Henry Paulson, le secrétaire américain au Trésor a même paru résigné, en admettant qu’il faudra du temps pour réparer le système financier, et que malgré les 700 milliards de dollars que le Congrès lui a octroyés, toutes les institutions financières du pays ne pourront être sauvées.


L'impuissance des Banques centrales, Libération
Les grandes banques centrales ont annoncé hier une baisse spectaculaire et concertée de leurs taux directeurs afin de doper l’économie mondiale menacée de récession, mais sans parvenir à empêcher une nouvelle débâcle sur les marchés boursiers. Cette dégringolade a été accentuée par les sombres perspectives du Fonds monétaire international (FMI) pour l’économie mondiale, avec un coup d’arrêt brutal à la croissance, qui n’atteindrait que 0,1% aux Etats-Unis et 0,2% dans la zone euro l’an prochain.


Krach du libéralisme : les vestes se retournent, Le Plan B
Les économistes sont aussi nuls que les journaux qu’ils abreuvent. « Il n’y aura pas de krach en 2008 », assurait en janvier un expert de la Deutsche Bank, David Naud (Le Monde, 2.1.08). « Le pire est passé. C’est fini », tranchait quatre mois plus tard Patrick Artus, l’un des économistes chouchous du PPA (Challenges, 3.4.08). « Wall Street bien armée pour rebondir », titre au même moment La Tribune (3.4.08), tandis que La Vie financière pronostique un « redémarrage sur les chapeaux de roue » (4.4.08). Lorsque la dégringolade des banques américaines ne peut plus être ignorée, les calamars de l’économie ripostent en vaporisant un nuage d’encre : « La crise est l’une des conséquences des attentats du 11 Septembre », suppute Denis Kessler, PDG de Scor (Le Monde, 28.8.08), tandis qu’un économiste du Monde invite à « lire la crise actuelle à l’aune des cycles économiques », aussi naturels que les saisons.

Commentaires : L'article non signé La chute d'America, Inc., publié par Le Monde, est un chef-d'œuvre de jésuitisme.


Les banques centrales cèdent face au krach boursier, Chronique Agora
Lorsque le cycle passe de l'avidité à la crainte... tout ce crédit agit comme un excédent de carburant lors d'un atterrissage en catastrophe. Il a tendance à exploser. Lorsqu'une banque subit une perte -- à cause de ses positions en dette subprime, par exemple -- le système de réserve fractionnelle jette des étincelles. Une perte de 100 millions de dollars fait partir en flammes jusqu'à 1,5 milliard de dollars de crédit. A mesure que le crédit disparaît, il en va de même pour l'effet de levier qui maintenait les prix des actifs au plus haut. A ce jour, cette année, le monde a perdu 20 000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Voilà pourquoi les autorités perdent cette bataille -- elles ont beaucoup moins de puissance de feu. Elles viennent d'approuver une loi permettant de remettre 700 milliards de dollars dans le système -- en rachetant les erreurs de Wall Street. La Fed prête 900 milliards de dollars supplémentaires, selon les derniers articles. Additionnez tous les plans de renflouement, vous n'obtiendrez même pas 10% de la somme que M. le Marché a avalée.


Ils ont “socialisé” la City, Dedefensa
Le fait est que, dans une situation typiquement “maistrienne”, les événements, c’est-à-dire l’Histoire, ont pris les commandes et imposent aux dirigeants les mesures révolutionnaires. Peu importe ce qu’ils pensent et ce qu’ils en pensent, ces dirigeants. Peu importe que la confiance ne soit pas rétablie et que “les marchés” ne répondent pas. (Au contraire, on dira qu’il importe que la crise continue, que la purge se poursuive, impitoyable, colossale. En un sens mais dans un sens irrésistible, il importe que la confiance ne soit pas rétablie car il s’agit de la confiance d’un appareil et d’un système qui ont mis le monde dans ces conditions abracadabrantesques et terribles qui ont enfanté cette crise; il s’agit de la confiance pour recommencer. Cette crise est, bien entendu, d’un point de vue historique objectif, une impérative nécessité.)


Finalement, les Américains s'apprêtent aussi à nationaliser leurs banques, Les cordons de la Bourse
Vu de France, l'information est passée relativement inaperçue. Hier, Henry Paulson, le secrétaire d'Etat au Trésor (photo), a annoncé au cours d'une conférence de presse, que le plan de sauvetage voté la semaine dernière lui donnait le droit de nationaliser partiellement les banques. Et, selon la presse américaine, il va très probablement le faire.

Pour ceux qui avaient suivit les débats sur le plan Paulson, cette annonce est néanmoins surprenante. Il s'agît d'un retournement total de la position qui avait été tenue publiquement par le gouvernement et les parlementaires américains. Tout le monde disait que le plan de 700 milliards de dollars était destiné uniquement à racheter les actifs des banques.

Bravo l'artiste! Grâce à ce coup d'Etat législatif, le gouvernement Bush va pouvoir nationaliser toutes les banques et l'Amérique devenir un pays socialiste...

Commentaires : Il est cocasse de lire que les États-Unis deviendraient socialistes par la magie d'une nationalisation bancaire.

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