Le doute s'installe sur l'opportunité de prolonger la participation de l'armée française dans la guerre en Afghanistan - y compris dans l'éditorial du Monde.
Un consensus historique mis à mal, Libération
En votant «non» à la prolongation de l’intervention des forces armées en Afghanistan, le Parti socialiste a fissuré hier un certain consensus sur les affaires de défense. Il existait depuis trente ans.
Si le consensus est en train de se fissurer, c’est d’abord à cause du rapprochement de la France avec l’Otan, vécue comme un alignement sur les Etats-Unis. Cette politique passe mal dans une partie importante de l’opinion, et pas seulement à gauche. Or, l’envoi de renforts en Afghanistan a été annoncé par Sarkozy, à l’occasion du dernier sommet de l’Alliance atlantique, en avril à Bucarest. Difficile d’afficher les choses plus clairement. On a vu hier les premiers effets de cette politique.
Impossible retrait, illusoire victoire, Libération
Les rapports de l’ONU sont accablants pour l’armée américaine qui va de bavure en bavure. L’une des plus graves a été commise le 22 août, avec le bombardement par l’aviation d’un village dans le district de Shindand qui a provoqué la mort de 92 civils, pour la plupart des enfants. Le 6 juillet, 47 villageois ont trouvé la mort dans le Nangrahar, les pilotes ayant confondu une fête de mariage avec un groupe de rebelles. Depuis le début de l’année, ce sont 395 civils afghans qui sont morts dans des frappes aériennes. Ces bavures ont d’ailleurs entraîné une sourde polémique entre le président, Hamid Karzaï, et les Américains.
BADIE Bertrand, "Avec la guerre en Afghanistan, il existe un risque d'effondrement indo-pakistanais", Chat - Le Monde
Ce type de situation, qui rappelle, mais seulement en partie, les guerres coloniales, s'est durablement installé dans la mémoire comme forme de conflit qui ne donne jamais le dernier mot à la puissance. On peut même redouter l'inverse : un renforcement mal contrôlé des moyens militaires de la coalition alimente ce conflit ainsi que la force même des talibans et de tous ceux qui leur sont associés.
Enfin il faut admettre que ce n'est pas la double panoplie du plus fort et de l'unique porteur des normes applicables au système international qui pourra, par ces méthodes, régler tout cela. Depuis le début de la seconde guerre afghane, il était clair que nous avions affaire à une guerre pakistanaise, peut-être demain s'agira-t-il d'un effondrement indo-pakistanais. N'oublions pas de prendre en compte les formes multiples de violence qui essaiment sur le territoire indien, de la frontière pakistanaise jusqu'à l'Orissa (Etat du nord-est de l'Inde).
Les talibans sont loin d'être les seuls acteurs de la "guerre afghane" : aux talibans se joignent quantités d'autres combattants venus d'un peu partout et expression des multiples crises de la région. Au-delà encore, les solidarités entre les combattants afghans et la population pakistanaise sont extrêmement nombreuses et diversifiées. Elles sont certes de nature ethnique, comme vous le rappelez, mais elles sont aussi de nature religieuse. La flambée de l'islamisme radical au Pakistan dépasse la seule population pachtoune, et a fortiori le monde des talibans. Elle irrigue toute la zone baloutche, et notamment sa capitale, Quetta, mais aussi les grandes métropoles comme Karachi au sud et les villes du Nord (d'Islamabad à Lahore).
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