Nicolas Sarkozy a une nouvelle fois réclamé mardi soir à New York que les responsables de la crise financière internationale en assument "les conséquences". "Quand les affaires vont bien, il est normal que beaucoup de gens gagnent beaucoup d'argent. Mais quand les affaires vont mal, il est normal que ceux qui se sont si lourdement trompés en assument les conséquences et les responsabilités", a insisté le président de la République.
Commentaires : Une déclaration faite en recevant le Prix de l'homme d'État 2008 décerné par la fondation Appeal of Conscience du rabbin Arthur Schneier. Ce prix récompense chaque année un responsable politique engagé dans la promotion de la liberté religieuse.
Nicolas Sarkozy et la crise financière : propositions, incantations et non-dits, Boulevard Exterieur
Faute d’avoir à disposition une réponse claire et une stratégie économique définie, Nicolas Sarkozy paraît avoir choisi de conjuguer plusieurs registres [technique, populiste, l’incantation et non dit].
Nicolas Sarkozy s’est imprudemment autoproclamé le président du pouvoir d’achat. Celui-ci a chuté de 0,3% au deuxième trimestre. Le chef de l’Etat a promis d’aller chercher la croissance avec les dents. Celle-ci a été négative au deuxième trimestre de – 0,3% et notre pays pourrait bien être prochainement déclaré formellement en récession.
Derrière ce propos bravache, se profile de plus en plus clairement, bien que non dite pour telle et inavouée, une politique de rigueur.
Revue de presse française, NouvelObs
L'HUMANITE
En dix ans, les banques françaises ont vu leurs profits multipliés par 7 pour le Crédit agricole ou par 25 pour BNP-Paribas, parce qu'elles consacrent plus de 60 % de leurs activités dans les opérations financières et non dans le soutien à l'économie réelle, étranglant du même coup les PME, elles-mêmes sous la coupe des donneurs d'ordres du CAC 40.
LA PRESSE DE LA MANCHE
Le capitalisme sauvage, sans règle, sans contrôle, n'est pas plus le capitalisme que le soviétisme stalinien n'était le véritable socialisme. Capitalisme sauvage et soviétisme sont les exemples de déviance qui transforment un type de société en dérive honteuse.
LE PROGRES
La confiance n'y est plus, le système ne tient plus. Que faire ? demandait déjà Lénine. Que faire ? demande à son tour notre Président. Et il répond, plus léniniste que Lénine : il faut faire rendre gorge aux spéculateurs, sanctionner les responsables.
Revue de presse européenne, euro|topics
Süddeutsche Zeitung - Allemagne
Ce sont les citoyens qui ont finalement fait les frais, sous forme de chômage, de hausse d'impôts ou d'inflation.
Tygodnik Powszechny - Pologne
La crise actuelle peut avoir également des conséquences à long terme. Aux yeux de l'opinion publique, les Etats-Unis incarnent le capitalisme du marché libre. Les politiques américains ont volontiers donné une leçon aux autres pays en leur disant à quel point il est important que l'Etat se tienne à distance de l'économie. Et ce sont justement les Etats-Unis qui ont toléré en premier le quasi effondrement du marché financier mondial pour ensuite intervenir avec force sur le marché. Ils sont allés tellement loin qu'ils ont nationalisé les institutions menacées de faillite et ont rejeté les importantes obligations des entreprises financières privées sur les épaules des contribuables. Ce fossé entre la théorie et la pratique peut entraîner une diminution du succès du concept du marché libre.
Népszabadság - Hongrie
Le chaos règne, aussi bien dans le monde de la finance que dans les esprits. Des économistes de renom déclarent même que le gouvernement conservateur de Bush [en annonçant une aide financière de 700 milliards de dollars aux banques américaines concernées] a choisi une méthode socialiste pour sauver le capitalisme américain basé sur la libre concurrence.
Les habits divers de la crise, Dedefensa
C’est un moment intéressant : la crise financière va-t-elle, sans être résolue bien sûr, se transformer en crise politique, – ou, plutôt, s’élargir à la crise politique ? Le plan de sauvetage de l’administration GW Bush, qui doit être entériné par le Congrès, se heurte à une forte opposition des démocrates en même temps qu’à une fort mauvaise humeur des républicains.
Pour l’heure, il est impossible de dire si la tension actuelle débouchera sur une crise majeure ou si elle sera contenue dans les normes des arrangements du système.
Le terme de “crise” n’est employé que pour la facilité, en l’absence d’un autre terme de même poids; on devrait plutôt parler de “soubresauts” pour mieux décrire le processus, c’est-à-dire les “soubresauts sectoriels” d’une crise systémique générale, qui est en même temps une crise de civilisation puisque le système a investi la civilisation elle-même. Ainsi, ce que nous nommons “la crise du pouvoir à Washington” est en fait un état de décadence accélérée du système politique, très marqué depuis 9/11 par des soubresauts successifs, par l’enfermement du monde politique washingtonien dans ses compromissions, ses contradictions, etc.
Point de vue d’André Gerin sur la crise financière, Changement de société
La crise du capitalisme financier, qui secoue les places boursières, a donc créé cette situation quasi surréaliste, digne d’une fable de la Fontaine, au cœur de laquelle les apôtres du libéralisme à tout crin des années 80-90 se voient obligés –de force, pas de gré, pour sauver la face et le radeau, tout en faisant sécher les SICAV- d’en appeler à la figure tutélaire de l’Etat-providence vingt ans plus tard. Curieuse ironie de l’histoire, où le modèle anglo-saxon tant vanté redécouvre les vertus d’une administration collectiviste ! Comme disait Karl Marx : « l’histoire se répète toujours deux fois. La première en tragédie, la seconde en farce… ».
Qu’on ne se trompe pas sur les suites de cette crise. Les Pays émergents, le monde du travail, les petits épargnants, salariés licenciés au nom du CAC 40 et de la cote des actions qu’il faut maintenir à flot, voilà ceux qui seront priés de payer la note. Les ogres de la finance se remplissent les poches quand tout va bien, et vident celles des autres quand tout va mal. Le retour de l’interventionnisme du trésor américain se paiera cash car ce sont les finances publiques et les contribuables qui sont appelés à absorber les hérésies et dérives de l’impérialisme financier. La dette américaine se rembourse sur tous les continents.
Commentaires : Très drôle car le PCF a abandonné “la lutte des classes” depuis longtemps (sur le terrain comme dans ses statuts) et est resté au gouvernement quand Maurois a lancé le "tournant de la rigueur" - politique qui a fait le lit du néolibéralisme en France.
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