23 septembre 2008

Revue de presse Afghanistan

Vers une redéfinition de la stratégie française en Afghanistan ?
Source : IRIS - Dailymotion


FISK Robert, Illusions guerrières, ContreInfo
Deux siècles après l’aventure coloniale, l’occident est à nouveau victime de la même illusion et du même mensonge : ceux d’une mission civilisatrice dont les hauts faits s’écriraient à la pointe du fusil. Mais la victoire annoncée comme acquise en 2001 en Afghanistan se dérobe toujours plus, tout aussi insaisissable qu’elle l’était hier pour l’armée Soviétique ou aujourd’hui en Irak pour les USA. Il faut le répéter, encore et toujours. La guerre n’est pas la solution. La guerre c’est le problème.

On nous a également infligé depuis des années ces mêmes non-sens sur la situation dans le sud-ouest Asiatique. Tout d’abord, en 2001, nous avions gagné la guerre en Afghanistan en renversant le régime talibans. Puis nous nous sommes remis en mouvement pour gagner la guerre en Irak. Aujourd’hui - avec au moins un attentat suicide à la bombe par jour et une nation divisée en enclaves confessionnelles antagonistes - nous avons gagné la guerre en Irak et revenons sur nos pas pour re-gagner la guerre en Afghanistan où les talibans - complètement battus par nos gars il y a sept ans - ont démontré l’ampleur de leur faillite morale et politique en reconquérant la moitié du pays.

Après les progrès « inimaginables » effectués en Irak - je cite l’humoriste qui occupe encore la Maison Blanche - les Américains vont extraire 8000 soldats de Mésopotamie et en déverser 4700 sur les flammes infernales de l’Afghanistan. Trop peu, trop tard, trop lentement, commente sur un ton acide l’un de mes collègues français. Il faudrait au moins 10 000 soldats supplémentaires pour espérer venir à bout de ces diables de talibans qui sont maintenant équipés avec des armes plus sophistiquées, mieux formés et de plus en plus - amer constat - tolérés par la population civile locale.


PAKZAD Karim, Afghanistan : Pour changer de stratégie, changer de vision, IRIS
Redéfinir une nouvelle stratégie d’ensemble en Afghanistan, à supposer qu’il y en ait déjà une, tant cette guerre était mal conçue et mal conduite dès son origine, aussi bien sur le plan militaire que politique. Pour changer de stratégie, il faut d’abord réviser notre vision très réductrice de la réalité afghane qui, elle, est complexe. Une approche purement idéologique qui ignorerait la réalité politique, sociale, ethnique et historique de l’Afghanistan pourrait nous conduire à l’échec, si ce n’est déjà le cas. On n’attend pas des hommes politiques de connaître toute l’histoire sociale et politique de ce pays, mais on ne peut que s’étonner de la façon simpliste dont ils justifient la guerre en Afghanistan.

Le mécontentement vis-à-vis de la coalition internationale et de l’OTAN gagne de plus en plus de terrain, surtout ceux qui sont hostiles aux Talibans. La façon dont cette guerre est menée, les bombardements inconsidérés contre des villages entiers dès qu’il y a des coups de feu tirés par les Talibans, augmentent le nombre des civils tués. En 2006, près de 1700 civils sont morts. Les sept premiers mois de cette année, 540 civils ont été tués dont 173 sous le bombardement de l’aviation de l’OTAN. Les fouilles des maisons et l’arrestation arbitraire des villageois (comment distinguer un simple villageois d’un taliban ?) sont devenues insupportables pour la population. Quelques jours après la mort des soldats français, 91 civils, en majorité des femmes et des enfants, ont été tués dans la province de Shindand à l’Ouest de l’Afghanistan victimes des bombardements de l’aviation américaine. Est-ce la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ? Toujours est-il que trois jours après, le 26 août, le Conseil des ministres, présidé par Hamid Karzaï, publie une déclaration solennelle pour « condamner fermement des opérations militaires illégales des forces étrangères » et demander aux ministères de la défense et des Affaires étrangères « d’entamer des négociations sérieuses avec la coalition internationale pour faire respecter le droit à la souveraineté nationale » de l’Afghanistan.

Ce n’est pas un hasard si les Etats-Unis, à eux seuls, consacrent, rien que pour entretenir leur 30 000 soldats en Afghanistan, trois milliards de dollars par mois, alors que l’aide humanitaire en Afghanistan ne dépasserait pas 200 millions de dollars par mois. La culture du pavot et le trafic de drogue (plus de 90 % de l’héroïne consommée en Europe vient de l’Afghanistan) sont directement liés à cette situation.


MYARD Jacques [Député UMP, Président du Cercle Nation et République], Sortir du guêpier afghan !, Questions critiques
La démocratie et les droits de l’Homme sont, malheureusement, pour les 4/5ème des peuples de la planète un grand projet d’avenir et il n’est pas du tout certain qu’ils puissent être propagés dans le monde les armes à la main. Les pays occidentaux feront d’ailleurs un grand progrès dans la promotion de leurs valeurs le jour où ils auront compris qu’on ne les impose pas à d’autres peuples qui vivent avec une culture différente de la leur.

Il est clair, en outre, que la conduite de cette guerre sur le plan stratégique est totalement contrôlée, maîtrisée, imposée par les Américains sur lesquels nous n’exerçons aucune influence. Voilà une nouvelle preuve que la volonté de certains de voir la France réintégrer l’OTAN pour peser sur Washington est une douce illusion...

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